Immigration : le tour du poteau

permis-travail

Mademoiselle, vos papiers s’il vous plait !

Quand tu deviens immigré au Québec (comme dans n’importe quel pays), il y a un moment où tu es confronté au service de l’immigration du pays. Et quel que soit votre statut (PVT, permis de travail, résident,jeunes pro), vous savez qu’il ne faut pas rigoler avec les Canadiens et que faire les démarches de permis peut vite devenir stressant.

En fait, on se sent tellement bien ici qu’on oublie que ce n’est pas notre pays natal et que nous ne sommes qu’« invités ». Et pourtant nous avions fait les choses à peu près dans l’ordre et sérieusement avec des coups de fil à l’administration en juin. On avait bien suivi leurs conseils pour envoyer le dossier en septembre avec un délai d’un mois (on était donc super large pour un prolongement pour décembre). Pour ceux qui n’auraient pas tout suivi, je suis arrivée en 2011 avec un permis vacances-travail (le fameux PVT) et je devais, sur les conseils de l’administration, passer en permis de travail de conjoint de travailleur qualifié avant décembre 2011. Parallèlement, comme de nombreux Français, les billets d’avion étaient dans la poche pour Noël et le retour au pays pour se remplir de foie gras, de champagne et de buches de Noël. Miam Miam Miam ça va nous faire tenir !!!
Coup de théâtre  !

En appelant les personnes de l’immigration pour finaliser le tout, on me dit que finalement le délai est plus long il passe de de 30 jours à 105 jours ce qui fait une belle différence. J’explique que mon permis de travail actuel se termine le 31 décembre et que je rentre de France le 2 janvier.
La personne me dit : Vous avez 50 % de chances d’être refusée sur le territoire le 2 janvier, vous n’aurez plus le droit de travailler bref grosses gouttes de sueur ….et me conseille de rentrer le 30 décembre.

J’appelle Air France pour un changement des billets, dring dring on passe à la caisse !!!

Et ça, c’est la version courte je vous épargne toutes les conversations, les heures d’attente avec l’administration, les informations erronées et contradictoires avec une personne qui me disait de ne surtout pas sortir du territoire ce qui signifiait adieu foie gras, champagne et saumon, le calvaire (bien entendu, tout ceci est humoristique puisque la vérité est plutôt adieu famille et copains). Mais comme dans tout bon vaudeville, un rebondissement survient le jeudi avec l’entrée en scène de Julien qui nous dit de tenter notre chance à la douane terrestre. L’espoir revient et notre voisine nous prête gentiment sa voiture pour aller à l’aventure du Tour du poteau.
Samedi matin, le duo des frenchies  est sur les chapeaux de roues, tel un commando nous avons notre artillerie prête pour affronter les douaniers (boissons, cookies, 3 exemplaires de mon dossier, passeports, radio pour la musique, bref armés jusqu’aux dents).
Le tour du poteau 
Le quoi ? C’est comme ça que nous appelons ici ce que nous avons fait; c’est-à-dire sortir du territoire et repasser la frontière pour faire activer des papiers. Direction la douane US-canada à 1h de Montréal.

En prenant la 15 sud pendant une cinquantaine de minutes sur la rive sud de Montréal, on arrive à Saint Bernard de Lacolle, à la frontière américaine plus connue sous le nom de « Blackpool US boarder ». Les photos sont prises d’internet, déjà que je n’étais pas surper à l’aise et il vaut mieux éviter. La voiture devant nous avec des chinois (aucun cliché) s’est fait vider sa carte mémoire devant nous car ils avaient pris une photo de l’entrée de la douane. On repassera pour les photos de l’article.
A l’approche de la frontière signalée par des panneaux invitant à ralentir, on arrive à une sorte de péage avec plusieurs guichets. La voiture est filmée, les plaques photographiées.
Nous approchons de la guérite du douanier américain …. qui n’ont pas une réputation d’amabilité. Il nous demande ce que nous venons faire, nos passeports et ensuite tu te diriges vers le parking où tu laisses tes clés au monsieur,

Conseil : ne tenter pas de faire de blagues ou demander des infos au mec du parking. Innocemment, on demande si nous devons fermer la voiture, ce qui n’est pas du tout l’humour du douanier qui nous dit :  » hey mec mon parking c’est le plus sécuritaire au monde ! » ….Tu te retrouves sans passeport (puisque tu l’as laissé au monsieur de la guérite), sans clés devant un douanier dont la fonction première est d’être suspicieux, de te tester et de voir si tu transpires, car ça voudrait dire que tu es louche. Et tout est louche : genre le fait que je sois accompagnée alors que je viens uniquement pour faire valider mes papiers personnels, il nous taquine bref tu réponds 15 fois aux mêmes questions, lui dit que tu ne veux pas aller visiter les USA, mais que tu veux faire le tour du poteau pour raisons administratives et hop il te refuse l’entrée sur le territoire (ce qui veut dire que les prochaines fois on va être bons pour se retaper la même histoire); te donne un beau papier violet (return to canada) et tu reprends ta voiture.
Pour mettre quand même une note d’optimisme, nous sommes tombés sur le douanier sympa et à la fin il nous dit  » congratulations » il croyait qu’on venait de se marier et qu’on activait les papiers du mariage…Direction la guérite canadienne où tu fais la même chose sauf que tu conserves ton passeport avec toi (ils sont gentils les Canadiens). Nous tombons sur une fille adorable qui nous explique que je peux faire ma demande de permis de travail aux frontières (on n’a même pas eu besoin de faire le scénario à coup de cossette et de corde sensible famille Noël). Et j’ai bouillonné intérieurement quand elle m’a dit que j’aurai aussi pu le faire le 2 janvier (en gros on aurait évité tout ça ….grggggrrrrrrrrr).
30 minutes et 150 dollars en moins plus tard (le prix du permis de travail), j’ai mon nouveau permis de travail.

Je suis une Québécoise régularisée….avec un nouveau statut de conjointe de travailleur qualifié. Champagne !!